Hier matin, nous avons filé le long des berges de la Dâmbovița, la rivière qui traverse Bucarest, pour nous rendre à la Fundatia Parada. Cette association, fondée par un clown français au début des années 90, aide les personnes sans-abris et isolées. Leurs actions comprenant, entre autres, la formation aux arts du cirque, visaient en particulier les enfants qui étaient nombreux à peupler les rues de Bucarest, fuyant alors les abominables orphelinats du pays. Aujourd’hui, Ionut, actuel directeur de l’association, continue ce soutien apporté aux enfants et aux familles des rues en offrant une aide médicale et psychologique, ainsi qu’un accès à l’hygiène.
Nous nous sommes, ensuite, dirigés vers l’usine de textile de Raoul, qui fabriquait jusqu’à peu des pulls en chanvre. Il s’était lancé le pari d’utiliser ce matériau écologique et dont l’utilisation est ancestrale en Roumanie. D’ailleurs, Edouard, que nous avions rencontré la veille, portait un des modèles proposés par Raoul.
Nous avons poursuivi avec Iulia, herbaliste, c’est-à-dire experte dans l’utilisation de plantes comme médicaments. Elle nous a raconté comment elle a retissé le lien avec la nature et les remèdes de grands-mères qu’elle avait connus dans la campagne roumaine. Cette étape est la première d’un long chemin vers une nouvelle ruralité qu’elle envisage.
Nous avons fini cette journée chargée avec un entretien que la providence a posé là. Lundi, au fil de notre visite à la librairie Kyralina, nos oreilles se sont, malicieusement, portées sur une discussion qu’avaient deux clients français avec le libraire. Nous n’avions capté que quelques mots mais qui avaient suffi à attiser notre curiosité. C’est ainsi que nous avons abordé Emma et Malo, deux jeunes Français qui s’étaient arrêtés à Bucarest durant leur aller-retour France-Istanbul en stop. Alors, sur la place de l’Union et ses jets d’eau dansants, nous avons discuté de leur aventure, de leurs motivations et de ce qu’ils avaient trouvé en chemin. Nos deux chemins se sont croisés le temps d’un instant, par hasard, au beau milieu de l’Europe.
Benjamin Boucher