Nous nous sommes reposés une semaine avant de reprendre la route pour cette ultime étape à Herbeumont. Bien que toujours en Ardenne nous avons franchis une frontière. Une frontière après laquelle nous avons trouvé les mêmes bois, la même chaleur humaine et à quelques lettres près la même Semois.
Nous avons rencontré Catherine Mathelin, la bourgmestre de Herbeumont, avec qui nous avons échangé sur l’engagement humain qu’implique cette fonction mais surtout qui y mène. Sur un banc de l’école, le centre-ville en arrière-plan, nous faisions notre première entrevue de la semaine.
L’après-midi, dans l’élan d’une telle rencontre nous avons décidé d’aller au camping du Moulin-Willaime. Au début, dans une improvisation à visée organisationnelle, nous voulions rentrer en contact avec la propriétaire. Nous nous sommes finalement installés à la table de Phillipe Rollin, un généalogiste lillois amateur ayant effectué de nombreuses recherches sur Herbeumont. Avec une base de données de 220 000 personnes il nous a expliqué comment, avec la volonté de parcourir le passé, il est allé toquer à la porte des gens pour retracer leurs ascendances. Mais il n’était pas seul à la table, il était avec ses cousines descendantes d’un ancêtre commun du 18è siècle : Marie-Louise Lamkin et Renée Lamotte. Cette dernière était généalogiste amateure également. Elle et ses documents sont la mémoire d’Herbeumont. Mais au fil de la discussion, en remontant le cours de sa vie, nous avons appris qu’elle avait beaucoup à nous dire sur le monde. Cette dame voyageait régulièrement partout autour du globe. Suite à ses lectures, elle voulait aller là où l’intrigue se déroulait, ainsi elle préparait ses valises et se retrouvait en Chine ou au Mexique.
Tout voyageur a besoin d’un coin paisible où se poser, nous y étions déjà. Nous discutions dans le bar du Camping Willaime qui, nous le découvrions, était un moulin. Nous nous sommes levés de notre table pour aller au comptoir de Lucille Willaime afin qu’elle nous décrive le lieu atypique dans lequel nous nous trouvions. Bien que nous eussions pris rendez-vous pour le lendemain, c’était maintenant qu’elle voulait parler, qu’elle avait un entrain particulier et radiophonique, nous le sentions. Alors, elle nous a narré l’histoire de l’édifice et donc celle de sa famille. Cette amoureuse de la nature et du patrimoine conserve, par l’esprit de son établissement, un environnement accueillant et familial.
Crédit photos : Benjamin Boucher